La pose de couvertures la nuit

51 – June 2001

Notre société dépend de plus en plus de nos jours d’industries exploitées 24 heures sur 24.  Les services médicaux, les transports, les services d’utilité publique et même les établissements de production fonctionnent sans interruption.  De plus en plus, les propriétaires d’entreprises exigent que les travaux de couverture soient effectués en dehors des heures normales de travail, afin de déranger le moins possible leurs activités normales.

Les entrepreneurs se voient maintenant obligés d’exécuter les travaux de couverture la nuit.  L’ACEC et ses membres n’approuvent pas cette pratique qui, à leur avis, devrait être évitée autant que possible.  Le travail de nuit comporte des risques sérieux en ce qui concerne la sécurité des travailleurs et la qualité générale de la toiture, et son coût est élevé.

L’éclairage

La plupart des dangers de la pose de couvertures la nuit sont bien entendu liés à la vision limitée, qui accroît le risque de chutes et de blessures.  Si on doit travailler aux heures les plus sombres de la nuit, il est de toute première importance de prévoir un éclairage suffisant. Les travaux de couverture sont naturellement dangereux, car il faut travailler en hauteur et manipuler de l’asphalte chaud, des outils coupants et du matériel lourd.  Pour éviter les dangers, il faut un éclairage suffisant qui permette aux travailleurs de se déplacer sans danger dans les lieux de travail.

Il ne suffit pas de se préoccuper de l’intensité de l’éclairage, sa direction est tout aussi importante. Des lampes mal placées risquent de projeter de longues ombres qui dissimulent les dangers ou d’éblouir les travailleurs et même les aveugler temporairement.

Pour mesurer le niveau d’éclairage nécessaire et installer les sources de lumière au bon endroit, il faudra procéder à des essais nombreux et à diverses expériences avant de trouver la meilleure situation possible.  Mais il restera quand même impossible de reproduire la lumière du jour.

De plus, l’éclairage temporaire doit respecter les principes fondamentaux de la sécurité en électricité.  Comme dans le cas de tous les autres travaux de construction, la présence d’eau ou d’humidité peut donner lieu à de graves dangers d’électrocution, qui sont souvent mortels.  Tout le matériel d’éclairage doit donc résister à l’action de l’eau et de l’humidité, tout en étant assez solide pour subir sans dommages une manutention brutale.  Comme il faut souvent utiliser des matériaux inflammables et des combustibles volatils pour les travaux de couverture, le matériel d’éclairage doit être à l’abri des explosions et ne pas risquer de dégager des étincelles susceptibles d’enflammer ces matériaux.

L’éclairage doit être portable et léger, facile à déplacer pour bien éclairer les lieux où les travaux sont exécutés.  Il faut bien prendre soin que les fils électriques qui les alimentent ne constituent pas un danger de chute ou d’électrocution.  Il faut aussi un éclairage d’appoint et des génératrices en cas de panne.

Il faut disposer des barricades autour des espaces de travail pour empêcher les travailleurs de s’aventurer dans l’ombre et ériger des garde-corps partout où il y a danger de tomber dans des ouvertures, et parfois au périmètre de la toiture.  Il faut des garde-corps avec leurs propres lumières pour indiquer des passages sûrs entre les entrées, les sorties et les secteurs de travail.

Il est particulièrement important de bien éclairer les endroits où se trouvent des entrées, des sorties, des escaliers, des échelles et des monte-charges.  Des rubans réfléchissants collés sur tous les garde-corps, les barricades, les bords du toit et le périmètre des secteurs de travail, et même sur les vêtements des travailleurs, vont aider ces derniers à discerner les dangers possibles ou les secteurs dangereux.

Les gens

Deux facteurs déterminent l’attention au travail : les rythmes circadiens (l’horloge interne du corps) et le besoin de sommeil quotidien.  Les travailleurs qui ont des périodes de travail longues, spécialement ceux qui travaillent toute la nuit, ont tendance à faire moins attention à leur travail et à avoir des accidents.  C’est un caractère biologique pour les humains d’être diurnes, ce qui veut dire qu’ils ont tendance à vivre le jour.  Nous fonctionnons mieux pendant la journée et avons notre rendement le moins élevé pendant la nuit et aux petites heures du matin, quand nous devrions normalement connaître notre sommeil le plus profond.

Quand le rythme circadien des gens est mal synchronisé, comme c’est souvent le cas chez les travailleurs de quarts, des problèmes se présentent en ce qui concerne le niveau d’attention et la façon de fonctionner.  Même avec un rythme circadien synchronisé, une personne se sentira fatiguée et son rendement sera réduit si son besoin de sommeil quotidien reste insatisfait.  Il faut tenir compte des effets physiologiques à court et à long terme du travail de nuit lorsqu’on considère les travaux de nuit et au moment de l’établissement des horaires de travail.

Le rendement

On ne peut pas s’attendre au même niveau de rendement de la part de gens qui travaillent la nuit, et la qualité de l’ouvrage fini s’en ressentira certainement.  En plus du rendement et de la productivité des travailleurs, d’autres facteurs risquent de compromettre la qualité d’une couverture installée.  Même avec le meilleur éclairage artificiel, la vision sera limitée et il sera pratiquement impossible de voir certains défauts.  Le coût de la main-d’œuvre va augmenter considérablement, alors que la productivité diminuera, peut-être jusqu’à un niveau inacceptable.  La rosée ou le gel qui se produisent couramment tôt le matin risquent de faire pénétrer de l’humidité dans la couverture.

Il est presque impossible de prévoir les changements rapides des conditions météorologiques pendant la nuit, ce qui augmente le risque de dommages au bâtiment et à son contenu parce qu’il aura été impossible de refermer la couverture avant que la pluie ou la neige n’ait commencé à tomber.

Les entrepreneurs auxquels on demande de poser des couvertures pendant la nuit doivent bien prévoir tous les coûts additionnels de ce genre de travaux au moment de l’établissement de leurs soumissions.  De nombreuses municipalités ont adopté des règlements sévères concernant le bruit, la circulation et les émissions, qui risquent de limiter les travaux ou de les interdire totalement.  Dans d’autres cas, il faudra peut-être payer des droits et permis coûteux.  Les entrepreneurs doivent également se rendre compte de tous les coûts cachés, comme une diminution de la productivité des travailleurs, un rendement inférieur et des risques accrus, ainsi que l’augmentation des situations pouvant donner lieu à des responsabilités civiles.  Ils doivent essayer de limiter leurs responsabilités en insérant dans leurs contrats des conditions explicites.  Ils doivent également comprendre que, si des problèmes se présentaient au cours des travaux, les fabricants de matériaux de couverture pourraient bien ne pas être disposés à répondre aux questions concernant l’application des matériaux ou la confection des détails en dehors des heures de travail normales. Ce sera la même chose dans le cas des fournisseurs des autres produits, services ou soutiens nécessaires.  Dans tous les cas, les entrepreneurs doivent prévoir des montants suffisants dans leurs estimations pour tenir compte des situations imprévues, car il s’en produit toujours dans le cas de travaux de nuit.  De plus, il pourrait être prudent d’acheter des assurances additionnelles se rapportant aux risques accrus de ces genres de travaux.

La construction d’une toiture sûre et ne présentant aucun problème est déjà difficile le jour, même dans des conditions idéales.  Les propriétaires de bâtiments doivent comprendre qu’il est impossible d’obtenir le même rendement lorsque les travaux sont effectués la nuit.  La qualité sera plus faible et les coûts beaucoup plus élevés.  Il y aura toujours plus d’erreurs, de défauts et d’oublis.  La performance de la couverture installée en sera affectée et sa vie utile sera probablement plus courte.  Lorsqu’on compare le coût des travaux de couverture effectués la nuit en termes de production, de rendement, et surtout de sécurité des travailleurs, il devient évident qu’il est préférable d’éviter cette pratique le plus possible.

Les opinions exprimées ci-dessus sont celles du Comité Technique National de l’ACEC.  Ce bulletin technique est distribué dans le but de véhiculer des renseignements pertinents sur l’industrie de la couverture. Les énoncés, commentaires, opinions et conclusions, s’il y a lieu, ne constituent pas un avis techniques définitifs, nous invitons le lecteur à solliciter l’avis d’un professionnel en génie ou en architecture.  Aucune responsabilité ne sera assumée par l’ACEC, l’un des officiers ou directeurs de même que par des membres ou employés sur l’interprétation et l’utilisation que le lecteur pourra faire des renseignements contenus dans ce bulletin.