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Sous un seul toit

Manuel de référence sur les couvertures au Canada

4.1.1 Application de bitume

On étend de l’asphalte chaud ou du brai de houille entre les couches de feutre, avec une couche plus épaisse en surface. On peut étendre l’asphalte entre les couches de feutre sur la couverture au moyen d’un guipon, d’un seau à vadrouille ou d’une poseuse de feutre. La couche du dessus, qu’on appelle également la couche de surface ou la couche d’étanchéité, est habituellement appliquée avec des cuillers de coulée, des bidons de coulée ou des épandeuses mécaniques.

Il faut parfois assurer la protection temporaire du dessus des feutres avant d’appliquer la couche de surface. Il s’agit habituellement d’une mince couche protectrice d’asphalte étendue sur la surface supérieure de la dernière couche. On peut étendre les couches de protection au moyen de guipons ou de racloirs.

La construction d’une membrane avec du brai de goudron de houille est essentiellement semblable à la construction d’une membrane avec du bitume asphaltique. Les différences principales sont que les feutres sont saturés de brai plutôt que d’asphalte à l’usine, le même volume d’enduit est utilisé, mais son poids unitaire est plus élevé à cause de la densité plus élevée du matériau, et le brai a un point de ramollissement plus bas, ce qui fait qu’il ne peut être utilisé que sur des toits de très faible pente (de moins de 1 sur 25 ou 4%). Notez que même si le brai et l’asphalte sont tous deux considérés comme des enduits, ils sont incompatibles entre eux et ne peuvent pas être utilisés ensemble pour la construction d’une membrane de couverture (c’est-à-dire qu’on ne peut pas utiliser de feutre saturé de brai avec le bitume asphaltique, le feutre bitumé avec le brai, ni mélanger deux sortes de bitume ou d’asphalte).

Étant donné que la construction des membranes multicouches à base de brai n’est plus courante au Canada, nous allons nous concentrer sur la construction de membranes multicouches asphaltiques pour le reste de cette section.

Afin de construire une membrane multicouches, vous devez d’abord déterminer le type exact d’asphalte nécessaire selon la pente du toit. Une fois choisi le type d’asphalte, il doit être chauffé afin de garantir la température d’application (température d’équiviscosité) appropriée au point d’application.

Types d’asphalte

Le type d’asphalte nécessaire est habituellement décrit dans les devis et se fonde sur la pente du platelage. Il y a quatre types d’asphaltes pour couvertures généralement utilisés au Canada. Trois types d’asphaltes sont classés conformément à la norme CSA A123.4, Bitume utilisé pour l’imperméabilisation de revêtements multicouches pour toitures. Ils sont désignés de Type 1, 2 ou 3, selon leurs points de ramollissement mesurés. Ces matériaux sont couramment appelés bitumes oxydés ou asphaltes oxydés. Le quatrième type de matériau est l’asphalte dont les propriétés ont été modifiées par l’ajout de polymères, le principal étant le copolymère bloc styrène-éthylène-butylène- styrène (SEBS). Ce matériau est couramment appelé asphalte caoutchouté ou bitume caoutchouté.

Les quatre types d’asphalte de couverture sont en outre répartis de la façon suivante :

  • L’asphalte de type 1 doit avoir un point de ramollissement minimum de 60°C (140°F) et est destiné à être utilisé sur les couvertures multicouches avec pentes de moins de 1 sur 16, ou d’une pente de 6,2%. [Consultez les exigences provinciales locales, car les exigences minimales peuvent varier, par exemple l’Alberta Roofing Contractors Association (ARCA) spécifie une pente de 1 sur 25 ou 4%.] On ne doit pas utiliser d’asphalte de type 1 dans les systèmes de couvertures dont la membrane est construite de renforts inorganiques (comme les feutres en fibre de verre ou les tissus de polyester) parce que ces types de renforts sont très poreux et l’asphalte dont le point de fusion est faible va les traverser, laissant les couches décollées et risquant de laisser des vides de bitume à travers la profondeur de la membrane susceptible d’y pénétrer.
  • Il faut de l’asphalte de type 2 pour avoir un point de ramollissement d’au moins 75°C (167°F). Il est destiné à être utilisé sur les couvertures multicouches avec pentes de moins de 1 sur 8 ou 12,5%, ou l’équivalent (l’ARCA spécifie une pente de 1 sur 12 ou 8,3%). L’asphalte de type 2 est un asphalte de couverture populaire à usages multiples.
  • L’asphalte de type 3 doit avoir un point de ramollissement minimum de 90°C (194°F) et est destiné à être utilisé sur les couvertures multicouches avec des pentes supérieures à 1 sur 8, 12,5% (l’ARCA spécifie une pente de 1 sur 6 ou 16,7% ou moins). Il sert également à construire les membranes-solins et à faire adhérer des couches d’isolant ensemble ou au platelage.
  • L’asphalte modifié au styrène-éthylène-butylène-styrène (SEBS) est classé conformément à la norme ASTM D6152, Standard Specification for SEBS — Modified Mopping Asphalt Used in Roofing. Les matériaux conformes à la norme ASTM D6152 se caractérisent par des points de ramollissement entre 85°C et 135°C (185°F et 275°F).

Un projet de pose d’une couverture pourrait exiger l’utilisation de plus d’un des types d’asphaltes ci-dessus. Si c’est le cas, l’asphalte doit être fondu dans des fondoirs différents afin de garantir la viscosité exacte de chaque asphalte. Les défectuosités prématurées des couvertures, causées par le glissement des membranes, se produisent habituellement lorsque des systèmes de couvertures multicouches appliquées à chaud sont installés sur des pentes qui ne sont pas destinées à l’application du type d’asphalte utilisé.

Chauffage de l’asphalte

Une fois que vous avez déterminé le type exact d’asphalte nécessaire pour le projet donné, celui-ci doit être bien chauffé dans un fondoir de couverture. La température du fondoir servira à déterminer la température de l’asphalte au point d’application. La température d’application convenant à chaque type d’asphalte est indiquée sur l’emballage ou peut être obtenue du fabricant.

On chauffe l’asphalte dans des fondoirs pour obtenir la température nécessaire pour l’application appropriée ou la température d’équiviscosité (TEV). La TEV est le point où l’asphalte a atteint la viscosité appropriée permettant d’avoir une bonne fluidité, garantissant l’application de la quantité exacte et l’obtention d’une adhésion suffisante. Pendant l’application sur la couverture, cette température doit être maintenue à pas plus de 15°C/25°F au-dessus ou au-dessous de la TEV. On doit vérifier régulièrement la température de l’asphalte au moyen d’un thermomètre.

Pour maintenir la TEV appropriée au point d’application, il faut réchauffer l’asphalte dans le fondoir à une température légèrement plus élevée. Dans ces circonstances, toutefois, si l’asphalte était chauffé au-dessus du point d’éclair, il pourrait se produire une explosion. De plus, on ne doit pas chauffer l’asphalte à plus que sa température de pompage, comme indiqué par le fabricant sur l’emballage.

De façon générale, on ne devrait jamais réchauffer l’asphalte à plus de 175°C (350°F) au-dessus du point de ramollissement. Surchauffer l’asphalte va l’endommager ou en modifier le type.

Une fois l’asphalte réchauffé jusqu’à la température appropriée, on peut l’appliquer sur la couverture et sur les feutres. Toutefois, l’application de l’asphalte dépend du type de feutre, organique ou inorganique, qui est utilisé.

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