Les cellules photovoltaïques sur les couvertures
57 – November 2010
Le plus important élément du choix d’un type de jardin-terrasse (intensif, semi-intensif ou extensif) se rapporte à la capacité structurale du platelage. Le sol, les plantes, les couches intermédiaires et les gens s’ajoutent à la charge que le platelage doit être capable de supporter. Il doit être capable de supporter aussi bien les charges permanentes, comme le poids du système de couverture lui-même, du milieu de culture des plantes et de toutes les couches intermédiaires, en plus de surcharges provenant du vent, de la pluie et de la neige, ainsi que de la circulation des gens, ceux qui viennent se promener dans le jardin-terrasse et les travailleurs qui s’occupent de son entretien.
Il y a trois façons principales d’attacher les panneaux solaires montés sur des supports rigides. La première se fonde sur de attaches à l’ossature portante qui pénètrent la couverture. Cette méthode réduit les charges permanentes imposées à l’ossature et permet au concepteur de stipuler les surcharges. Elle offre le plus grand nombre de choix concernant l’inclinaison des réseaux permettant de produire la plus grande quantité d’énergie. Elle offre également une plate-forme de niveau pour les panneaux solaires. La deuxième méthode utilise du lest pour fixer les panneaux. Le poids du réseau, du système de supports et du matériau additionnel servant de lest sert à empêcher l’arrachement sous l’action du vent et la dislocation avec les autres charges. L’avantage de cette méthode est le nombre moins élevé des pénétrations à travers la couverture dont il faut assurer l’étanchéité. Les inconvénients comprennent une charge permanente accrue, une inclinaison limitée des réseaux en fonction de la surcharge due au vent et la difficulté d’aménager une plate-forme de niveau pour les réseaux à cause du système d’écoulement des eaux de la couverture. La troisième méthode combine des éléments des deux premières. Elle comporte un nombre limité d’attaches à l’ossature portante devant traverser la couverture et une certaine utilisation de lest. Le principe général de cette méthode est moins il y a d’attaches, plus il faut de lest, et vice-versa.
Risques et dangers
FM Global a constaté plusieurs facteurs de risque importants dont il faut tenir compte pour l’évaluation des installations solaires, notamment :
- la combustibilité;
- l’arrachement sous l’effet du vent et les modes de fixation; les charges imposées à la couverture;
- l’écoulement des eaux;
- la résistance aux dangers naturels.
Combustibilité
Toutes les cellules PV doivent avoir fait l’objet d’essais et être répertoriées par un laboratoire d’essai reconnu. Selon les codes du bâtiment et de la prévention des incendies les plus récents, leur résistance au feu doit être au moins équivalente à celle de la couverture sur laquelle on les installe. La norme la plus généralement reconnue pour les panneaux PV est UL 1703, Standard for Flat-Plate Photovoltaic Modules and Panels. Cette norme fait référence à UL 790, Standard Test Methods for Fire Tests of Roof Coverings, qui sert à établir la résistance au feu des matériaux de recouvrement de couvertures exposés à des sources d’incendie simulées provenant de l’extérieur d’un bâtiment sur lequel les matériaux doivent être installés. Cet essai est semblable à celui qui est stipulé dans CAN/ULC-S107-10, Méthodes normalisées d’essai de résistance au feu des matériaux de couverture, dont il est fait référence dans le Code national du bâtiment du Canada.
L’installation sur une couverture d’un réseau PV pourrait affecter la façon dont cette couverture réagit à un incendie, parce que les panneaux se trouvent près de la couverture, donnant lieu à une rétroaction thermique, en plus de l’effet de soufflerie susceptible de se produire dans certaines conditions entre le panneau et la couverture.
Charges imposées à la couverture
Dans le cas des systèmes neufs, on doit tenir compte de la charge additionnelle provenant des panneaux solaires au moment de la conception de l’ossature du bâtiment. S’il s’agit d’une rénovation, il est capital de s’assurer que le système de couverture possède une capacité de charge suffisante pour supporter les panneaux et toutes les charges additionnelles, notamment les charges permanentes provenant du réseau PV et du matériel connexe, ainsi que les surcharges provoquées par le vent, la neige, la pluie et les secousses séismiques.
Les charges dues au vent sont un antre facteur important. Les rebords et les angles d’une couverture subissent des charges dues au vent plus fortes que le centre. Il faut donc porter une attention additionnelle à l’ossature se trouvant plus près des bords de la couverture. La charge due au vent peut exercer un impact considérable sur les caractéristiques des réseaux PV, notamment l’angle d’inclinaison, l’emplacement du réseau et la méthode d’attache utilisée. Le protocole d’essai décrit dans la norme A123.2 de la CSA, Méthode d’essai normalisée de la résistance dynamique à l’arrachement sous l’action du vent des systèmes de couverture à membrane a été utilisé avec succès pour déterminer la résistance au vent des systèmes PV dans des conditions de charge dynamique.
Une autre variable dont il faut tenir compte est la surcharge provenant de la neige. Les réseaux PV montés à un angle par rapport à la surface de la couverture distribuent la neige de diverses façons. La neige aura tendance à se déplacer latéralement sur la couverture et à s’accumuler vers l’arrière des modules, accroissant ainsi la surcharge. Il est également possible que les réseaux retiennent la neige pendant une tempête et la laissent tomber quand le soleil revient, ce qui accroît la surcharge concentrée du côté avant des réseaux.
Il faut également inclure les charges séismiques dans le calcul de l’ossature.
Écoulement des eaux
La conception d’une installation solaire sur une couverture doit aussi tenir compte de l’écoulement des eaux, afin d’éviter que le système PV ne devienne un obstacle. Les canalisations électriques, les pénétrations servant à attacher le support rigide et les autres éléments du système PV risquent de nuire à l’écoulement des eaux et compromettre la performance de la couverture.
Résistance aux dangers naturels
Il faut aussi tenir compte de la résistance des panneaux solaires aux impacts. La grêle ou les débris transportés par le vent risquent d’endommager les panneaux qui ne sont pas suffisamment solides, exigeant de coûteuses interruptions de fonctionnement et des frais de remplacement.
DANS LE CAS DE LA COUVERTURE
État de la couverture
Il faut toujours que les couvertures soient en bon état pour qu’on installe des systèmes PV. À quoi bon installer un système PV devant durer trente ans sur une couverture dont la vie utile doit se terminer dans cinq ou dix ans? Quand viendra le moment de remplacer la couverture, il faudra peut-être enlever tout le système PV afin de faciliter les travaux, pour ensuite le réinstaller. Sur les bâtiments existants, cela signifie vérifier l’âge de la couverture et la durée restante des garanties. Il faudra également inspecter la couverture afin de déceler les contraintes, les dommages ou autres problèmes existants. Il faudra réparer les endroits où l’eau s’accumule, ainsi que les rebords de la couverture et les détails des solins avant de pouvoir installer un système PV. Plusieurs fabricants responsables de systèmes de couverture joignent leurs forces à des intégrateurs du domaine des systèmes solaires et offrent maintenant des assemblages prêts à recevoir les systèmes PV conformes aux exigences strictes concernant la performance d’une couverture en ce qui concerne l’installation d’un système PV.
Si possible, au moment de l’installation de panneaux solaires sur une couverture, on devrait communiquer avec l’entrepreneur en couverture original, ou avec un autre entrepreneur approuvé par le fabricant, afin de s’assurer que la couverture est en bon étant avant d’entreprendre les travaux. L’entrepreneur en couverture et le fabricant des systèmes de couverture doivent être présents pendant toute la durée de l’installation, afin de s’assurer qu’il n’y pas de dommages à la couverture et que tous les travaux de couverture ont été réalisés conformément aux instructions des fabricants et des pratiques reconnues de la construction des couvertures. Une fois terminée l’installation du système PV, il faudra procéder à une inspection complète de la couverture. Les propriétaires de bâtiments doivent être conscients du fait que tout ajout ou modification de la couverture, y compris l’installation de matériel, effectué sans avoir d’abord obtenu le consentement écrit de l’entrepreneur en couverture et/ou du fabricant du système de couverture pourrait donner lieu à une augmentation du coût des garanties ou à leur annulation complète.
Un autre facteur important est l’usure de la couverture provoquée par l’installation du système PV lui-même et par les travaux d’entretien nécessaires après l’installation. Toute couverture qu’on se propose d’utiliser comme plate-forme d’un système PV doit avoir été conçue pour résister à un niveau accru de circulation pour la construction et l’entretien du système. Le revêtement de surface, le système de membrane et l’isolant doivent posséder suffisamment de solidité mécanique pour résister à cette circulation additionnelle. On doit toujours prévoir des passerelles au moment de la conception du réseau PV. Elles seront utiles pour l’équipe d’installation aussi bien que pour les techniciens qui s’occuperont plus tard de l’entretien. Ces gens porteront probablement des ceintures à outils et transporteront des coffres à outils, par conséquent certaines des passerelles doivent être assez large pour leur permettre de circuler. Les gens doivent pouvoir se dépasser les uns les autres sans endommager le réseau. Quel que soit l’espace réservé entre les rangs, c’est une bonne idée de prévoir des voies de circulation, afin que les gens ne soient pas tentés de prendre des raccourcis à travers le réseau.
On doit concevoir les systèmes PV montés sur des supports rigides de façon à faciliter l’entretien de la couverture, les réparations et même le remplacement d’une couverture. Il faut donc laisser suffisamment d’espace entre les éléments PV et la couverture, les murs, les pénétrations et les autres éléments PV afin de permettre les travaux de réparation, ainsi que l’enlèvement et le remplacement d’éléments de la couverture au besoin.
Il faut reconnaître que l’installation d’un réseau solaire sur une couverture va affecter considérablement le coût des travaux d’entretien futurs, étant donné le nombre plus élevé de pénétrations et de pièces de matériel. S’il est nécessaire de réparer la couverture, il faudra peut-être qu’un technicien en PV ou un électricien surveillent les travaux afin de garantir l’intégrité du système PV. De même, un technicien en couverture doit toujours être présent au moment des opérations d’entretien ou de réparation du système PV afin de voir à ce que la couverture ne soit pas endommagée.
Conclusion
La bonne nouvelle est qu’un grand nombre de fabricants reconnus de systèmes de couverture sont en partenariat avec des intégrateurs du domaine des systèmes solaires et offrent maintenant des assemblages prêts à recevoir les systèmes PV, conformes aux exigences strictes de performance de la couverture nécessaires pour l’installation d’un système PV. L’industrie des couvertures entretient un dialogue actif avec l’industrie des systèmes PV et la collectivité des architectes afin de mettre au point des normes et des pratiques exemplaires pour les installations solaires sur les couvertures. Par l’entremise d’associations de couvreurs et d’organismes comme le Center for Environmental Innovation in Roofing, notre industrie est très impliquée dans la diffusion d’information concernant l’étude, la conception et l’installation de systèmes PV sur les couvertures. Il faut enseigner les moyens appropriés d’entretenir et d’assurer le bon fonctionnement de la couverture à tout le personnel s’occupant de l’installation de systèmes PV sur les couvertures. Quelques-uns des organismes du domaine des couvertures et certains entrepreneurs en couverture assurent maintenant une formation à leur personnel quant à la façon de bien imperméabiliser les raccords et les pénétrations et de travailler autour et sous les systèmes PV montés sur les couvertures.
On devrait installer des systèmes PV uniquement sur des assemblages de couvertures capables de servir de plates-formes pour le système solaire et convenant à la méthode de montage utilisée. L’assemblage d’une couverture se trouvant sous un système PV doit avoir une vie utile égale ou supérieure à celle qu’on attend du système PV, ce qui devrait aider à réduire au minimum les interruptions de service pendant la vie utile du système PV.
Références
- Hendriks, N.A., Designing Green Roof Systems : A Growing Interest, Professional Roofing, septembre 1994.
- Doelp, G.R., Gumpertz, W.H. Achieving Reliability and Durability in Green Roofs. 10DBMC Conférence internationale sur la durabilité des matériaux, produits et bâtiments, Lyon, avril 2005.
Les opinions exprimées ci-dessus sont celles du Comité Technique National de l’ACEC. Ce bulletin technique est distribué dans le but de véhiculer des renseignements pertinents sur l’industrie de la couverture. Les énoncés, commentaires, opinions et conclusions, s’il y a lieu, ne constituent pas un avis techniques définitifs, nous invitons le lecteur à solliciter l’avis d’un professionnel en génie ou en architecture. Aucune responsabilité ne sera assumée par l’ACEC, l’un des officiers ou directeurs de même que par des membres ou employés sur l’interprétation et l’utilisation que le lecteur pourra faire des renseignements contenus dans ce bulletin.